Ouf, après s'être reposée comme il se doit ce matin, Véga est enfin prête à raconter sa folle journée d'hier. Les lecteurs attentifs avaient bien sûr compris que Véga avait un grand rendez-vous ce dimanche, son tout premier, non pas avec Vizir ou un petit roux, mais avec un juge, venu exprès d'Afrique du Sud pour la voir sur pattes.
Tout avait commencé quelques jours auparavant par un entraînement intensif. Epilation dans les règles (voir les précédents articles) afin de dégager l'encolure de mini girafe, régime strict,
augmentation des doses de câlins, bref, tout ce dont a besoin un athlète de haut niveau, ou un mannequin à une veille de défilé, si vous préférez.
Le jour J, Véga était à attendre à la porte du centre d'exposition, avec tous les autres adversaires en lice avec elle : peuh, lui répétait sa maîtresse, ils ne t'arrivent pas à la cheville, ne t'inquiète pas. C'était bien sûr une expression fort imagée car les concurrents étaient de taille
C'est alors qu'au fond d'une cage, Véga remarqua des museaux qui ressemblaient étrangement au sien.
Damned ! Deux autres border ! Comment cela était-il possible pour une chienne se vantant d'être (presque) la seule de sa race en Grèce (hormis un petit vieux dans le Péloponnèse) ? Après renseignements pris par sa maîtresse, re-damned ! Les border avaient un pedigree à la couleur peu appréciée de Véga (et de son fan club) (à l'exception de la môman de Véga qui porte cette couleur aussi dans son nom, mais c'est bien la seule qu'on accepte...). Après renseignements encore plus détaillés et enquète sévère, les deux petits museaux en cage avaient comme ascendants le papa de Némo, le patriarche du Bois Caïman, et l'oncle de Lily, la môman de Véga ! Aaaah, ils étaient presque de la famille en quelque sorte !! La seule différence avec Véga est qu'ils avaient fait le voyage depuis la France pour venir à l'exposition, tandis que Véga avait fait le voyage en voiture et en 20 mn...
Après les présentations d'usage entre amateurs de Border, on entra et Véga alla vérifier sur quel ring elle allait passer
Trois border, c'était bien là, avec un juge anglophone qui s'avéra des plus gentils.
L'attente commença car avant de passer, il fallait admirer des bergers belges, des doberman ou encore des griffons vendéens...
Véga évaluait la piste, est-ce que je commence avec la patte droite, est-ce que je lève la queue, est-ce que je me roule par terre sur la moquette ?
Parfois, de guerre lasse, elle piquait un petit somme en laissant à sa pancarte le soin de la représenter.
Et enfin, le grand moment arriva : "sur la table à repasser" s'écria le juge qui connaissait par cœur les coutumes et modes du Bois Caïman.
Les lecteurs noteront la délicate harmonie de Noël entre le vert du collier de Véga et le rouge de la table et du pull de sa maîtresse...
"Mmmm, elle a une sacrée petite bouille, cette chienne, very attractive" déclara le juge en l'observant.
"Vous aussi vous n'êtes pas mal avec votre cravate dans la chemise" lui répondit Véga, ce qui eut le don de le faire rire "ah ah ah, heureusement que tu es là pour repérer mes erreurs vestimentaires, Véga", s'esclaffa-t-il !
"Allez, c'est bon, tu peux partir et me montrer comment tu danses le flamenco" lui dit-il pour terminer, "j'ai lu ton blog et j'aimerais beaucoup que tu me donnes des cours...C'est bien la jambe gauche que je dois lever en premier ?".
"Tu crois que je peux lui dire de davantage se cambrer, au juge ? " demanda Véga à sa maîtresse.
"Pas de problème, Véga, mais d'autres sont aussi intéressés par un cours, et vous pourriez danser ensemble, regarde là-bas" lui répondit sa maîtresse
C'est ainsi que Véga séduisit l'assemblée par son flamenco si ardent, et que le juge, conquis par tant de grâce, lui décerna le premier prix...
Heureuse mais épuisée, Véga rentra à la maison profiter du soleil et de sa médaille bien méritée...
